60 % des patients ont des symptômes persistants six mois après l’infection

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L’existence de complications prolongées après un épisode aigu de Covid, qualifiée de « Covid long » ne fait plus guère de doute. L’INSERM a livré lundi les premiers résultats tirés de la cohorte French Covid sur les symptômes persistants après infection chez des patients qui ont nécessité une hospitalisation. Bilan : 6 patients sur 10 se plaignent d’au moins un symptôme persistant six mois plus tard et 29 % des actifs n’ont pas pu reprendre leur activité professionnelle.

L 'avantage de la cohorte French Covid est d’avoir été mise en place très tôt, dès le 27 janvier 2020. Les critères d’inclusion : avoir été testé positif avec un test à prélèvement nasopharyngé et avoir nécessité une hospitalisation. « L’âge médian des participants à l’étude est de 61 ans, 37 % sont des femmes et 30 % ont été admis en réanimation. La plupart d’entre eux présentent des comorbidités à risque de Covid grave : 38 % sont hypertendus, 7 % présentent une insuffisance rénale, 28 % sont obèses, 20 % sont diabétiques et 42 % cumulent au moins deux comorbidités », souligne le Pr Jade Ghosn, coordinateur de la cohorte, PU-PH université de Paris.

Sur les dix symptômes ciblés par l’étude, 62 % des patients en présentent au moins trois lors de leur hospitalisation, une proportion qui se réduit à 27 % 3 mois plus tard, puis à 24 % à 6 mois. Mais ils sont encore 42 % à présenter un à deux symptômes à 3 mois et 36 % à 6 mois. En bref, 60 % des patients présentent encore au moins un symptôme lors de la consultation de suivi à 6 mois, principalement de la fatigue, un essoufflement, des douleurs articulaires ou musculaires.

« La persistance des symptômes se retrouve davantage chez les femmes, chez les patients qui ont présenté au moins trois symptômes lors de leur hospitalisation et chez ceux qui ont été admis en soins critiques. Ils sont donc associés à la sévérité initiale de la maladie », note le Pr Ghosn. Les chercheurs remarquent également que, si les hommes sont plus à risque de faire des formes graves, les femmes semblent plus à risque de souffrir de symptômes persistants dans la durée. Et qui peuvent être invalidants puisque 29 % des patients actifs n’ont pas pu reprendre le travail après 6 mois. L’étude se poursuit pour connaître l’évolution des symptômes persistants à 12 et à 18 mois.

La possibilité de Covid long en cas de forme modérée, voire asymptomatique de l’infection est moins bien connue. La fréquence se situe entre 10 et 20 % dans certaines études, jusqu’à 75 % dans d’autres, selon la méthodologie, souvent sans groupe témoin. Le Lancet publie les résultats d’une étude danoise, menée auprès de 10 500 individus testés positifs pour le SARS-CoV-2, n’ayant pas été hospitalisés dans les 2 semaines suivant le diagnostic.La comparaison portait sur la période allant de 2 semaines à 6 mois après le diagnostic, et sur l’initiation d’un traitement par 14 types de médicaments (bronchodilatateurs, antitussifs, analgésiques, anticoagulants, antidépresseurs, etc.) et de 27 diagnostics suggérant une possible complication à distance de l’épisode initial.Les données sont rassurantes, puisque, en dehors d’une utilisation un peu plus fréquente des bronchodilatateurs (1,7 % vs 1,3 %) et aux triptans (0,4 % vs 0,3 %), les patients positifs au SARS-CoV-2 n’ont pas pris plus de médicaments que ceux restés négatifs.

Les diagnostics de dyspnée sont plus fréquents chez les patients positifs ainsi que les diagnostics d’accidents thromboemboliques veineux pouvant semble-t-il apparaître à distance chez certains patients. Les données ne confirment aucune augmentation des autres diagnostics, notamment de maladie chronique.

 

 

Références : 

www.inserm.fr

Lund LC et coll.: Post-acute effects of SARS-CoV-2 infection in individuals not requiring hospital admission: a Danish population-based cohort study. Lancet, 2021 ; on line publicatie van 10 mai. doi.org/10.1016/S1473-3099(21)00211-5