Aurora : une étude pour mieux comprendre le cancer du sein métastasé (CSM)

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Il est difficile de déterminer avec précision le nombre de cas de cancer du sein qui finissent par métastaser, mais on estime ce pourcentage à 30%. Le CSM est plus difficile à traiter et reste actuellement fondamentalement incurable. Certaines patientes atteintes de cette maladie vivent plus longtemps que d’autres, sans que l’on sache pourquoi.
L’analyse approfondie des données relatives aux 381 premières patientes du programme de recherche AURORA a mis au jour d’importantes spécificités moléculaires et cliniques qui éclairent d’une lumière nouvelle le cancer du sein métastatique (CSM) et son évolution. Les résultats de cette analyse viennent d’être publiés dans Cancer Discovery, le journal de l’American Association for Cancer Research.

AURORA est un programme de recherche académique international basé sur le screening moléculaire, qui a pour but de mieux comprendre le cancer du sein métastatique.

Ce programme est unique en son genre, par son large éventail d’échantillons appariés de tumeurs primaires et métastatiques, provenant de patientes se trouvant soit au stade du diagnostic de la maladie métastatique soit après un premier traitement, ainsi que par sa collecte de données cliniques de haute qualité. En analysant ces échantillons et ces données, les chercheurs sont en mesure d’étudier les changements moléculaires qui se produisent lorsque le cancer du sein commence à se propager, et ensuite tout au long de l’évolution métastatique. 

Pour l’instant, les chercheurs ont identifié les changements moléculaires les plus fréquents dans les échantillons métastatiques. Ces changements portent sur les gènes conducteurs (dans 10% des échantillons) et sur les variabilités du nombre de copies d’un gène (dans 30% des échantillons). Ces observations pourraient mener au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les patientes atteintes d’un CSM.

Le programme a déjà permis de constituer ce qui, à notre connaissance, représente aujourd'hui le plus grand ensemble de données de séquençage ARN (RNAseq) dans le CSM. Les analyses des données RNAseq d’échantillons appariés primaires et métastatiques de mêmes patientes révèlent que, dans 36% des cas, le sous-type intrinsèque du cancer mammaire se modifie entre la maladie primaire et la maladie métastatique, généralement vers une forme plus agressive. Cette observation peut avoir des implications thérapeutiques et mérite une évaluation plus approfondie.

Les analyses révèlent également que les métastases ont exprimé moins de gènes liés au système immunitaire et présentaient une composition cellulaire immunitaire différente, pouvant engendrer un microenvironnement plus propice au développement de métastases.

L’analyse de la durée de survie des patientes avec la maladie révèle que les personnes atteintes d’un cancer mammaire HR+ (hormone receptor-positive) HER2- (HER2-négatif) qui présentaient simultanément une charge tumorale mutationnelle élevée (TMB pour tumour mutational burden) dans leurs tumeurs primaires, se caractérisaient d’une part par une survie globale plus courte et d’autre part par un délai de récidive plus court. Ces deux observations indiquent que la TMB est un facteur indépendant de mauvais pronostic.

Enfin, les chercheurs ont également constaté que plus de 50% des patientes présentaient des changements moléculaires pouvant être associés à des thérapies ciblées existantes, mettant ainsi en évidence l’impact potentiel du dépistage impliquant des biopsies appariées, des échantillons sanguins, et un vaste ensemble de données cliniques et moléculaires ayant fait l’objet d’une collecte longitudinale chez des patientes CSM. 

« Cette étude nous offre une opportunité sans précédent de produire des observations fiables, qui nous aideront à mieux comprendre l’évolution du cancer du sein métastatique qui, aujourd'hui, est toujours la cause n°1 de décès lié au cancer chez les femmes dans le monde. Fidèle à son appellation, AURORA apportera une lumière nouvelle dans le sombre paysage du cancer du sein avancé », déclare Dr Martine Piccart, l’initiatrice de l’étude.

« Les connaissances acquises dans le cadre d’AURORA ouvrent la voie au développement de nouvelles stratégies pour les patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique. Nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts dans cette voie, afin de permettre à nos patientes de vivre plus longtemps et dans de meilleures conditions », déclare Dr Mafalda Oliveira, Co-Investigateur Principal d’AURORA et chercheuse au Vall d’Hebron Instituto de Oncologia (Barcelone, Espagne) et membre du comité exécutif du SOLTI Breast Cancer Research Group.