Cancer : Une découverte porteuse d’espoir

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Kanker: een hoopgevende ontdekking
Les recherches fondamentales menées au sein du laboratoire du Pr Cédric Blanpain (ULB) ouvrent de nouvelles perspectives en ce qui concerne toute une série de cancers. C’est un mécanisme lié à une mutation génétique et le détail des réactions moléculaires qui en découlent qui sont ici mis en lumière.

« Fat 1 » est l’un des gènes les plus fréquemment mutés du cancer. Son nom (« gras 1 », en anglais) s’explique parce qu’il est « gigantesque », détaille le professeur Cédric Blanpain (ULB), directeur du laboratoire des cellules-souches et du cancer, qui a dirigé l’étude parue dans la prestigieuse revue scientifique Nature : « C’est la molécule d’adhésion la plus ancestrale qu’on trouve dans le monde du vivant. Sa mutation dans les tumeurs est le fruit de ce qui s’est passé entre notre naissance et le moment où nous développons un cancer », explique le lauréat du prix Francqui-Collen 2020.

Son rôle dans l’évolution maligne de certains cancers était suggéré, mais sans une démonstration rigoureuse jusqu’ici. Pour mieux l’étudier, les chercheurs de l’ULB ont utilisé des modèles génétiques des cancers de la peau et du poumon, ainsi que des tumeurs humaines du cancer de la peau, du poumon, de la tête et du cou. Au bout d’un an de recherches et de dissections, ils ont découvert que les mutations de Fat 1 favorisaient les caractéristiques invasives, les métastases et la résistance à certains traitements anticancéreux couramment employés.

« Cette récurrence des mutations dans un très grand nombre de cancers signifie qu’il est très important dans le développement de ces cancers », poursuit le directeur de l’étude.

Cette mutation du gène FAT1 est présente dans 30% des cancers "tête et cou", poumons, cavité buccale et cancers invasifs de la peau. On la retrouve aussi chez des patientes qui ont des cancers du sein et résistent aux traitements médicaux.

« On est les premiers à étudier dans un modèle vivant (et non sur la souris !) la fonction de ce gène dans le développement du cancer. On s’est rendu compte qu’en enlevant ce gène dans une tumeur bénigne, ça la transforme en un cancer extrêmement agressif avec une grande capacité métastatique », commente pour sa part Eugenia Pastushenko, la première auteure de cette étude.

 « Nous avons constaté que les cancers mutés pour Fat 1 sont très résistants à plusieurs médicaments, en ce compris des inhibiteurs de l’EGFR, qui sont fréquemment utilisés pour traiter les patients atteints de cancers du poumon. Plus intéressant encore, nous avons identifié que les cancers mutés pour Fat 1 sont particulièrement sensibles à d’autres médicaments, parmi lesquels l’inhibiteur SRC, qui sont actuellement utilisés pour traiter les patients atteints de leucémie. Ces résultats auront des implications thérapeutiques importantes et immédiates ». « Nous allons maintenant initier des collaborations avec des fabricants de tels inhibiteurs pour mener des études précliniques » annonce Cédric Blanpain. La recherche avance donc aussi chaque jour en dehors du COVID-19 !