Cannabis et dépression : cause ou effet ?

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À la suite d’une augmentation croissante de la consommation du cannabis et à son indication présentée comme bénéfique dans nombre de pathologies dont la dépression, une équipe de chercheurs américains a analysé les tendances de l’association dépression-cannabis entre 2005 et 2016.

Le cannabis est la substance psychoactive la plus consommée. Aux USA, sa consommation a augmenté de plus de 40 % ces dernières années. Dans le même temps, la perception du risque lié à sa consommation a baissé. Il en résulte un nombre accru de pathologies liées au cannabis : accidents de la route, perturbations sociales, troubles mentaux…De plus, un état dépressif majeur est, de façon constante, associé à la consommation de cannabis et il existe des preuves manifestes que cette drogue peut aggraver une symptomatologie dépressive, notamment en cas d’usage régulier. Or, paradoxalement, pour environ 50 % de la population, le cannabis est bénéfique en cas d’anxiété et de dépression (15 % seulement pensant qu’il aggrave ce genre de troubles). Près de 28 % des adultes présentant un trouble de l’humeur ou une anxiété rapportent recourir au cannabis en automédication.

L’étude analyse une cohorte de 16 216 adultes, elle est basée sur les données désidentifiées de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES).

En conclusion, les auteurs rapportent que chez les adultes vivant aux USA et d’âge compris entre 20 et 59 ans, entre 2005 et 2016, il a été observé de façon significative et croissante, une association entre dépression et consommation de cannabis alors même que le recours à cette drogue augmentait en fréquence dans la population générale, et encore plus parmi les individus déprimés. Les auteurs notent que pour les patients atteints de dépression la probabilité de consommer cette drogue est approximativement multipliée par deux par rapport à des sujets indemnes de dépression et que cette hausse de la consommation de cannabis n'est pas sans conséquences avec un risque accru d'accidents de la route, de troubles mnésiques et/ ou de symptômes psychiques. Des recherches ultérieures restent à venir pour préciser les mécanismes physiopathologiques sous-jacents mais, d'ores et déjà, des campagnes d'information sont à mener, et chaque professionnel de la santé doit bien avoir à l'esprit la réalité de cette association et ses risques potentiels.

Réf : Gorfinkel L R et coll. : Association of Depression with Past-Month Cannabis Use among US Adults Aged 20 to 59 Years, 2005- 2016. JAMA Netw open. 2020 ; 3 (8), e : 2013 802.