Covid-19 : la vie d’après…

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Après plus d’un an de crise, Sophie Lucas, Immunologiste, UCLouvain, salue le bilan positif en termes de mise au point du vaccins en un temps record. Mais ne peut nier l’inquiétude quant à l’apparition de variants du virus, qui compliquent la gestion de la pandémie et retardent la sortie de crise : « la leçon, c’est qu’il est indispensable de continuer à étudier et surveiller le virus et ses variants de manière systématique afin de pouvoir réagir de manière adaptée. C’est cette surveillance qui a permis de détecter le variant britannique, par exemple. »

On a identifié aujourd’hui des milliers de mutations dans les virus SARS-CoV-2 dans le monde. Ces mutations sont inévitables et surviennent naturellement, de manière aléatoire, lorsque le virus se multiplie. C’est la même chose pour beaucoup d’autres virus, notamment celui de la grippe. Les mutations se transmettent de génération en génération de virus. La plupart sont totalement neutres (elles n’ont pas d’effet sur le comportement du virus). Certaines, beaucoup plus rares, vont conférer un petit avantage au virus qui les porte, améliorer sa capacité à proliférer ou infecter de nouvelles cellules (c’est ce que l’on appelle un avantage sélectif pour un virus). En se multipliant beaucoup, une lignée de virus avec une série de mutations données peut finir par prendre la place de la lignée précédente, surtout si elle a un avantage sélectif. C’est cette lignée de virus qui émerge, que l’on appelle un variant. Ces derniers mois, on a vu apparaitre 3 nouveaux variants qui sont devenus prédominants dans certaines régions du monde (Brésil, Afrique du Sud et Grande-Bretagne). Ils sont différents et sont survenus indépendamment les uns des autres.

Le problème ? De nouveaux variants pourraient être résistants aux réponses immunitaires (celles que l’on a fait après une contamination avec un ancien variant, ou celles suscitées par le vaccin). « Ce n’est pas le cas pour l’instant avec le variant britannique. Mais c’est pour ça qu’il est capital de surveiller la circulation du virus de près, sans relâche, pour pouvoir détecter l’émergence de nouveaux variants et adapter les vaccins dès que ce sera nécessaire » insiste Sophie Lucas. Le variant sud-africain pourrait être un peu résistant à certains vaccins, mais ce n’est, à ce stade, ni certain, ni très préoccupant, si les vaccins disponibles continuent à protéger contre les formes graves de la maladie. « C’est essentiel pour éviter une augmentation exponentielle des hospitalisations et l’engorgement des hôpitaux. »

La vie d’après ? « Ce sera une ère où les risques de nouvelles pandémies seront bien présents. Il faudra accepter de faire 3 pas en avant, et parfois 1 ou 2 pas en arrière. Il faudra, dans certaines circonstances, à nouveau porter le masque et être attentifs à ses gestes et contacts. Il faudra se faire vacciner régulièrement. Ce sera une vie sans doute un peu moins insouciante. » Avec une note d’espoir, tout de même : « cette pandémie a permis de développer des outils pour l’avenir qui seront incroyablement utiles. Grâce aux vaccins, on va vers un mieux, on va enfin pouvoir commencer à en voir les bénéfices. »