COVID-19 : soins psychologiques de première ligne temporairement remboursés pour tous les âges

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Diepe angsten
Angoisses profondes, peur de l’autre, craintes sur l’avenir, fatigue ... les perspectives de déconfinement sont sombres pour certains. Selon une enquête de santé menée par SCIENSANO paru cette semaine, il ressort que la pandémie COVID-19 s'est accompagnée d'une augmentation des problèmes psychosociaux et de la consommation de somnifères et de tranquillisants. Des chiffres qui interpellent et exigent une prise en charge personnalisée.
Explication du Docteur Aisha Cortoos, psychologue.

« Passer près de deux mois confiné avec des interactions professionnelles et sociales extrêmement limitées n'est pas anodin et a des répercussions psychologiques. Ce que va revivre une partie de la population, c’est de l’anxiété, l’irritabilité, les signes de dépression, des problèmes de sommeil, de la fatigue…chacun va exprimer très différemment et parfois de manière différée l’effet de l’accumulation du stress ressenti » explique le Docteur Aisha Cortoos, psychologue.   

« Et toutes les situations d’évitement de l’anxiété (consommation d’alcool, de jeux vidéo, troubles du sommeil…) vont malheureusement se mettre en place. Le déconfinement risque de favoriser les comportements impulsifs et excessifs. Il y a aussi un risque de voir un boom des addictions à l'alcool, aux drogues, aux écrans et aussi une recrudescence des pratiques sexuelles à risque et de violences conjugales, celles-ci ayant déjà souvent été initiées mais non visibles lors du confinement.  

Retour aux habitudes

« Un retour progressif à toutes les activités est ce qui permettra de mieux limiter les dégâts. La routine est synonyme de prévisibilité, et donc de certitudes. Alors que la pandémie n’est pas encore terminée, bousculer trop brutalement la routine qui s’est installée pendant le confinement relancerait l’incertitude, source d’angoisse. Je recommande d’essayer d’avoir une régularité de vie avec des rituels et des habitudes pour pouvoir avoir des repères et ainsi éviter l’ennui et le vide, vecteurs d’angoisse. La mentalisation peut aussi aider : se préparer, penser à l’après, avoir une vie sociale et surtout, pouvoir en parler. Dialogue, ouverture et tolérance doivent être des maîtres mots. Pour gérer le cocktail d’émotions, plusieurs béquilles peuvent être utilisées. Il faut activer notre système de relaxation en bougeant, en reprenant nos activités sportives, en s’exposant à la lumière afin de réorganiser nos rythmes circadiens ».

 

Si l’anxiété persiste…

« La meilleure solution est de consulter un professionnel qui pourra proposer une aide efficace au travers de différentes méthodes de thérapie. Certaines personnes sont aussi plus à risque, l'anxiété chez elles s'est accentuée encore avec la crise. Je pense tout particulièrement aux personnes en épuisement professionnel, les dépressifs, les personnes souffrantes de TOC, les hypocondriaques. Un accompagnement par un professionnel est indispensable, à l’officine il est essentiel de référer ces patients ».  Afin de tenter d’éviter l'évolution vers des problèmes psychiatriques plus complexes, l'INAMI a temporairement étendu le remboursement des soins psychologiques de première ligne à toutes les catégories d’âge (jusqu'au 31/12/2020).
Le patient peut désormais aussi être référé, non seulement par un médecin généraliste ou un psychiatre, mais aussi par un gériatre, un pédiatre, un pédopsychiatre, un médecin du travail, un médecin service PSE/CPMS ou un médecin ONE.