Prescription rationnelle des benzodiazépines et apparentés dans le cadre des troubles du sommeil

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benzodiazepines
Suite aux publications des résultats de la 5ème enquête de santé COVID-19 de Sciensano ainsi que ceux de l’enquête de l’AFMPS sur l’utilisation des somnifères, l’AFMPS souhaite encourager patients et professionnels de la santé au bon usage des benzodiazépines et « Z-drugs » dans le cadre des troubles du sommeil.

En décembre 2020, Sciensano a publié les résultats préliminaires de sa cinquième enquête de santé COVID-19. Il en ressortait que la proportion de personnes utilisant des tranquillisants ou des somnifères en décembre 2020 (21 %) était plus élevée que les chiffres de population obtenus via l’enquête de santé de 2018 (où 13 % déclaraient en avoir pris lors des 2 dernières semaines). Parmi les 21 % d’utilisateurs, 42 % ont commencé ou augmenté leur consommation depuis la crise sanitaire. Ceci concerne particulièrement les tranches d’âges les plus jeunes : les trois quarts des jeunes de 18 à 24 ans qui consomment des sédatifs ou des somnifères disent que leur usage a débuté ou augmenté depuis la crise.

En outre, en février 2021, l’AFMPS publiait les résultats de l’enquête en ligne sur l’utilisation des benzodiazépines et des médicaments apparentés utilisés dans le cadre des troubles du sommeil. La majorité des patients avaient signalé des durées d’utilisation nettement supérieures à celles recommandées et plus d'un patient sur trois montrait des signes de dépendance psychologique au traitement. Si cela s’avère nécessaire, les troubles du sommeil peuvent être traités par des médicaments, de préférence avec une benzodiazépine de durée de vie moyenne ou une « Z-drugs ». L’AFMPS rappelle qu’il n’y a pas à ce jour de preuves convaincantes que les « Z-drugs » provoquent moins d’effets indésirables ou de dépendance que les benzodiazépines.

L’AFMPS encourage les professionnels de la santé à discuter avec leurs patient des risques associés à ce type de médicaments avant de prescrire un tel somnifère. Les benzodiazépines et les « z-drugs » peuvent en effet induire, entre autres, des troubles du système nerveux (somnolence, amnésie antérograde …), des troubles psychiatriques (comportement anormal, hallucinations, somnambulisme …) et augmenter les risques de chute chez les personnes âgées. Une consultation de suivi après une semaine est recommandé par la directive evidence based « Prise en charge des problèmes de sommeil et de l’insomnie chez l’adulte en première ligne ». Ceci permet aux professionnels de la santé de discuter avec le patient de l'efficacité du traitement et des effets indésirables éventuels. En outre, la prescription de boites de benzodiazépines ou « Z-drugs » contenant moins de trente comprimés encourage les patients à consulter à nouveau s'ils ressentent le besoin de poursuivre leur traitement et diminue le risque que ceux-ci prolongent leur traitement au-delà de la durée prescrite par leur médecin.

Différentes ressources sont accessibles pour informer les professionnels de la santé sur la prise en charge des troubles de sommeil et la prescription rationnelle de somnifères. Un manuel d’aide en ligne a été développé en 2018 dans le cadre de la campagne « Somnifères & calmants, pensez d’abord aux autres solutions » coordonnée par le SPF Santé Publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement. Celui-ci a pour but d’aider les médecins et les pharmaciens à mieux prendre en charge les patients qui se plaignent de troubles du sommeil. Les professionnels de la santé peuvent également se référer à la ligne directrice evidence based « Prise en charge des problèmes de sommeil et de l’insomnie chez l’adulte en première ligne » et à la Fiche de Transparence de la prise en charge de l’insomnie du Centre Belge d’Information Pharmacothérapeutique. (CBIP asbl). Une formation en ligne sur l’usage rationnel des benzodiazépine est également accessible sur le site du SPF Santé Publique.