Sur la piste de la colchicine

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Colchicine
Depuis l’apparition du nouveau coronavirus SARS-CoV-2, des équipes de recherche se sont penchées sur des stratégies de repositionnement thérapeutique.
Concrètement, les scientifiques ont testé des médicaments déjà autorisés pour d’autres indications, afin de déterminer s’ils pouvaient avoir des effets bénéfiques contre la Covid-19. Dans ce contexte, les débats se sont souvent cristallisés sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine, sans que les nombreuses données scientifiques et cliniques disponibles ne permettent à ce jour de confirmer un quelconque intérêt thérapeutique de cette molécule. Depuis ce début de semaine, c’est un autre traitement anti-inflammatoire, qui fait beaucoup parler de lui : la colchicine.

La colchicine est un cytotoxique antimitotique avec des propriétés anti-inflammatoires, qui est utilisée par exemple dans la goutte ou la péricardite aiguë. L’Institut de cardiologie de Montréal (ICM), au Canada, a annoncé le 22 janvier « des résultats cliniquement convaincants » pour traiter le Covid-19. « Notre étude a montré l’efficacité du traitement utilisant la colchicine pour prévenir le phénomène de « tempête inflammatoire majeure » et réduire les complications liées [au] Covid-19 », se félicite le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du centre de recherche de l’ICM et chercheur principal de l’étude COLCORONA. Randomisée, en double aveugle, celle-ci a inclus près de 4 500 patients atteints de Covid-19 et non hospitalisés au moment de l’inclusion. Ils ont reçu soit de la colchicine, soit un placebo pendant 30 jours. La colchicine a réduit de 21 % le risque de décès ou d’hospitalisations, un résultat « approchant la signification statistique », selon l’ICM. Le nombre relativement faible de patients inclus ayant eu des complications, les résultats statistiquement non significatifs sur certains critères et à la limite de significativité sur d'autres et les effets indésirables possibles de la colchicine incitent à la prudence et à la réalisation d’autres études.

La marge thérapeutique de la colchicine est étroite : la dose thérapeutique et la dose toxique sont proches. La survenue d'une diarrhée est évocatrice d'une surdose. Néanmoins, l’intérêt pour cet essai ne doit pas être négligé, en espérant toutefois qu’il ne déclenche pas le même emballement que l’hydroxychloroquine. Notons déjà que l’Agence grecque du médicament a, dès la publication des premiers résultats, donné son autorisation à la prescription de colchicine pour les patients de plus de 60 ans atteints de Covid-19 non hospitalisés.

 

Réf : Tardif J C et coll. : Efficacy of Colchicine in Non-Hospitalized Patients with COVID-19. medRxiv preprint. doi.org/10.1101/2021.01.26.21250494