COVID-19 : le rôle des télomères

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Telomeren
Âge, obésité, diabète, hypertension… De nombreux facteurs de sévérité de l’infection COVID-19 sont actuellement bien identifiés. De nombreux patients ne répondant pas à ces critères peuvent développer différentes complications, celles-ci s’avérant parfois sévères voire mortelles. Une équipe de chercheurs des Cliniques universitaires Saint-Luc et de l’UCLouvain a investigué le rôle potentiel des télomères dans le cadre de la COVID-19.

Les télomères sont des séquences d’ADN qui protègent l’extrémité des chromosomes et qui raccourcissent à chaque division cellulaire. Leur taille diminue en fonction de l’âge de la cellule et de l’individu. Lorsqu’ils deviennent trop courts, notamment chez les personnes âgées, les cellules entrent en sénescence (un phénomène proche de la mort cellulaire). Ces structures jouent donc en quelque sorte le rôle d’horloge biologique cellulaire.

La longueur des télomères n’est toutefois pas la même pour tous les individus du même âge et dépend, entre autres, de certains variants génétiques. A côté d’un impact démontré sur la survenue de nombreuses maladies chroniques, un raccourcissement des télomères semble affecter les défenses contre les virus. On suppose que les individus dont les télomères sont plus courts épuisent plus rapidement leur stock de cellules immunitaires.

Mesurer la longueur des télomères

Les patients hospitalisés pour COVID-19 présentent presque tous un manque de lymphocytes dans le sang.  En charge d'une unité Covid lors de la première vague, Antoine Froidure, pneumologue à Saint-Luc et professeur à l'UCLouvain, a lancé une étude sur les patients hospitalisés et la taille de leurs télomères. Il a collaboré avec le laboratoire d'épigénétique d'Anabelle Decottignies, qui disposait d'une base de données de référence de 491 personnes, dont les télomères avaient été mesurés grâce à une technique de fluorescence novatrice mise en oeuvre aux cliniques Saint-Luc.

Sur les 70 patients Covid+ de 27 à 96 ans testés, 40% ont des télomères plus courts que 90% des personnes de leur tranche d'âge dans le groupe témoin. "Avoir des télomères courts prédispose à développer des formes plus graves", conclut le spécialiste. "La longueur des télomères diminue avec l'âge, mais est aussi déterminée par des caractéristiques génétiques et peut être altérée par l'environnement, le mode de vie."

"Cette recherche est une des premières à essayer de démontrer un mécanisme par lequel les gens développent des formes sévères", ajoute Antoine Froidure. "Il explique en partie pourquoi les personnes âgées sont plus à risque, à cause des télomères plus courts avec l'âge, mais aussi en partie les variations du risque chez des jeunes".

L’étude a aussi mis en évidence que le fait d’avoir des télomères très courts (de taille inférieure au percentile 10 pour l’âge) était associé à un risque significativement plus élevé d’admission aux soins intensifs ou de décès. Ces résultats ouvrent des perspectives importantes dans la compréhension des mécanismes de l’immunité vis-à-vis du coronavirus.

Pour l’étude complète : www.aging-us.com/article/104097/text