Des champignons hallucinogènes pour soigner l’alcoolisme

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Une étude, menée par le Professeur Mickaël Naassila et son équipe du Groupe de Recherches sur l’Alcool et les Pharmacodépendances ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques pour le traitement de l’addiction à l’alcool avec de la psilocybine, le composé actif des champignons hallucinogènes. Publiés dans la revue scientifique Brain, leurs travaux confirment le potentiel de la psilocybine à combattre l’addiction à l’alcool, tout en levant le voile sur les mécanismes d’action de cette molécule, jusqu’alors inconnus.

Les psychédéliques modifient l’état de conscience, ils  agissent principalement sur les récepteurs de la sérotonine, un neurotransmetteur notamment impliqué dans la gestion des humeurs et de l’anxiété, ils induisent une altération profonde des perceptions et de la conscience.  Les résultats de l’étude montrent que l’administration de psilocybine dans des modèles murins d’addiction à l’alcool réduit de moitié leur consommation d’alcool. Ces données confirment l’intérêt d’étudier cette molécule dans le traitement de l’alcoolo-dépendance. Pour expliquer ces effets et mieux comprendre les mécanismes sous-jacents, les chercheurs ont mesuré, dans le cerveau au niveau du noyau accumbens, l’expression de certains gènes connus pour être impliqués dans l’addiction à l’alcool. Le noyau accumbens joue un rôle central dans l’addiction notamment en relayant les effets plaisants des drogues et la motivation à les consommer. Les résultats révèlent de manière surprenante une latéralisation cérébrale dans les effets de la psilocybine, avec une modification de l’expression de certains gènes, soit à la hausse, soit à la baisse et qui est différente en fonction du côté gauche ou du côté droit du cerveau. La psilocybine injectée chez des rats non consommateurs d’alcool induit des changements particuliers dans le cerveau, notamment une diminution de l’expression des récepteurs 5HT-2A de la sérotonine uniquement dans le noyau accumbens gauche. De manière inattendue, l’augmentation de l’expression du gène BDNF, associé à la plasticité cérébrale, a lui été observée uniquement dans le noyau accumbens droit. Lorsque la psilocybine est injectée directement dans le noyau accumbens gauche, elle réduit de moitié la consommation d’alcool mais elle n’a pas d’effet lorsqu'elle est injectée dans le noyau accumbens droit.

Selon le Pr Mickaël Naassila : « Ces résultats sont très originaux car ils démontrent que la psilocybine agit différemment sur l’expression des gènes en fonction de l’hémisphère cérébral. Et que dans le cerveau, c’est particulièrement le noyau accumbens, mais celui situé dans l’hémisphère gauche, qui semble impliqué dans les effets de réduction de la consommation d’alcool »

 

ref : communiqué inserm