Ibuprofène, en temps de Covid-19

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Ibuprofen in tijden van covid-19
La pandémie de la COVID-19 a entrainé une certaine confusion pour les professionnels de santé et les patients concernant l’innocuité des AINS et de l’ibuprofène. Et pourtant, le consensus scientifique est clair : il demeure sécuritaire d’utiliser l’ibuprofène en vente libre conformément aux directives.

D’un simple tweet…

Le 14 mars dernier, le ministre français de la Santé, Olivier Véran, lançait une alerte sur Twitter, conseillant à la population de ne pas consommer d’anti-inflammatoires, car ceux-ci pourraient aggraver les symptômes du Covid-19. Dans l’Hexagone, quelques personnes relativement jeunes et en bonne santé avaient en effet contracté des formes sévères de la maladie. Leurs médecins soupçonnaient l’ibuprofène.

Des recommandations internationales

Le rôle favorisant de l’ibuprofène sur la contamination et sur la prolifération du virus a depuis été réfuté par plusieurs études et différentes organisations scientifiques internationales. La FDA précise n’avoir pas connaissance de données scientifiques qui lieraient le recours aux AINS à une aggravation des symptômes de Covid-19. Quant à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle ne déconseille pas l’utilisation des AINS (1). L’Agence européenne des médicaments (EMA) indique qu’« il n’existe aucune preuve scientifique établissant un lien entre l’ibuprofène et l’aggravation du Covid-19 ».

Et d’enfoncer le clou dans son communiqué : « les patients et les professionnels de santé peuvent continuer à utiliser des AINS (comme l’ibuprofène) conformément aux informations produit approuvées » (2)

Confirmation par des études

Plusieurs études observationnelles analysant l’impact de l’utilisation des AINS/ de l’ibuprofène chez des patients atteints de la COVID-19 ont été publiées et ont renforcé ces avis positifs.  Selon une récente étude d'observation danoise incluant plus de  8000 personnes positives au coronavirus, il n’a pas été montré d’effet négatif (mortalité, assistance respiratoire, etc.) de la prise d’ibuprofène (3). « C’est probablement le plus haut niveau d’évidence disponible à l’heure actuelle» estiment les auteurs de cette étude.

Pour le Professeur Nicolas Dauby, infectiologue, Hôpital Saint Pierre à Bruxelles, il n’y a aucune preuve scientifique établissant un lien entre la prise d’AINS et l’aggravation du Covid-19, l’ibuprofène peut donc être délivré en toute sécurité à l’officine. « Ces médicaments, comme tout traitement, doivent être utilisés à la dose efficace la plus faible pendant la période la plus courte possible. D’autre part, il n'y a actuellement aucune raison pour les patients prenant des AINS d'interrompre leur traitement, ce qui est particulièrement important pour les patients qui prennent des AINS pour des maladies chroniques ».

Nathalie Evrard

Références :

  1. https://www.who.int/publications/i/item/clinical-management-of-covid-19
  2. https://www.ema.europa.eu/en/news/ema-gives-advice-use-non-steroidal-anti-inflammatories-covid-19
  3. Lund LC, Kristensen KB, Reilev M, et al. Adverse outcomes and mortality in users of non-steroidal anti-inflammatory drugs who tested positive for SARS-CoV-2: A Danish nationwide cohort study. PLoS Med. 2020;17(9):e1003308