Insuffisance veineuse : une pathologie chronique et évolutive

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L’insuffisance veineuse chronique (IVC) a une forte prévalence dans la population générale et altère la qualité de vie des patients. En Belgique, 3 personnes sur 4 ont des symptômes et/ou des signes de cette pathologie. L’IVC est un facteur prédicteur important de la mortalité indépendamment du profil clinique.
Et pourtant, un patient sur deux vu par un médecin généraliste se trouve déjà dans un stade avancé de la maladie. Il est donc important de la dépister et la traiter le plus rapidement possible. D’où l’importance de notre conseil officinal dans la sensibilisation et la prise en charge de cette pathologie.
Explications du Docteur Veroniek Decoene, chirurgien vasculaire.

Physiopathologie

L’insuffisance veineuse des membres inférieurs apparaît lorsque la tonicité de la paroi veineuse ou les valvules anti-reflux se détériorent : le sang circule lentement et a tendance à stagner. Les veines superficielles sont le plus souvent concernées ; les veines profondes, qui assurent plus de 80 % du retour sanguin, sont rarement touchées.

« Tous les symptômes d’insuffisance veineuse sont la conséquence d’une hyperpression veineuse prolongée, qui serait responsable d’une inflammation chronique associée au développement d’une

micro-angiopathie entrainant au final des troubles trophiques insiste le Docteur Decoene, chirurgien vasculaire.

Les différents facteurs de risque sont l’âge, le sexe féminin, la grossesse, l’obésité, le tabagisme, l’hérédité et des antécédents de thrombose veineuse profonde.

Les symptômes dont se plaignent les patients sont : douleur, sensation de jambes lourdes et gonflées, fourmillement des jambes, démangeaisons, picotement, crampes musculaires, ….

Les signes cliniques sont télangiectasies, varices, œdèmes, troubles trophiques (pigmentation, eczéma, …), ulcère actif ou cicatrisé,…

Les symptômes et les signes cliniques sont décrits à l’aide de la classification CEAP. 

Quel traitement à l’officine ?

La maladie veineuse est une pathologie chronique, évolutive et multifactorielle. Le Docteur Decoene rappelle les premières recommandations face un patient se plaignant de troubles veineux :    

  • Être pro-actif et reconnaître de façon précoce les patients à risque
  • Evaluer la gravité des signes et des symptômes
  • Evaluer le risque évolutif de la pathologie
  • Proposer un traitement précocement et à long terme en agissant sur la cause de la pathologie : l’inflammation
  • Renvoyer les patients à temps vers un médecin généraliste ou spécialiste

Le traitement entend améliorer la qualité de vie en diminuant les douleurs et les sensations de jambes lourdes. Il a également pour but d’éviter l’apparition des complications : varices, dermite ocre, eczéma variqueux, ulcère de jambe, phlébite.

Les piliers du traitement de l’insuffisance veineuse sont la compression veineuse, les veinotropes et la correction de l’hygiène de vie. Ces différents traitements sont complémentaires et agissent en synergie.

Hygiène de vie

L’hérédité, l’âge, le sexe féminin, le nombre de grossesses, le poids, le type d’activité professionnelle (avec position debout prolongée) et les habitudes de vie sédentaires peuvent favoriser l’apparition des pathologies veineuses.

On comprend donc toute l’importance des conseils d’hygiène : lutter contre le surpoids, limiter le tabac et la consommation d’alcool, marcher régulièrement pour activer la pompe musculaire du mollet, éviter la position debout prolongée, éviter la chaleur au niveau des jambes et les vêtements trop serrés, surélever les jambes, éviter l’exposition solaire, porter des bas médicaux de contention en voyage et prévoir un traitement anti- coagulant si le patient a déjà eu un épisode aigu de phlébite, appliquer des douches froides sur les jambes, porter des chaussures confortables, pour les femmes, un petit talon est conseillé. La pratique de certaines activités physiques réduisant l’hypertension veineuse par activation de la pompe veineuse musculaire (marche, vélo, aquagym, natation, …) est recommandée chez les patients souffrant d’insuffisance veineuse.

Contention

La compression veineuse est un traitement mécanique ; les veines superficielles sont soumises à une pression exercée par le dispositif pour réduire le calibre des veines superficielles, renforcer l’efficacité de la pompe musculaire du mollet et diminuer l’œdème.

Il existe 4 classes de compression (classe 1, la plus faible, à classe 4, la plus forte). L’équipe officinale se limitera au conseil des bas ou chaussettes de contention de type 1 et 2. Le port de la contention doit être régulier ! Très souvent perçue comme contraignante par les patients, la contention n’a pourtant d’intérêt que si elle est portée régulièrement, toute la journée, et notamment lors des périodes de grosse chaleur. Son intérêt doit être bien expliqué, tout comme la façon de l’enfiler et de l’entretenir afin que les patients soient le plus à l’aise possible.

En prévention, ils sont à conseiller à toutes les personnes exerçant des professions à risque (piétinements excessifs) ou ayant des antécédents familiaux.

Ils sont indiqués dans le :

-Traitement de l’insuffisance veineuse chronique (tous les stades mais surtout à partir de stade C2)

-Traitement du lymphoedème et de ses complications

-Les thromboses veineuses profondes (TVP) ou superficielles (TVS) au stade aigu et en prévention

-La maladie post phlébite

Ils sont contre-indiqués :

  • Lors d’insuffisance artérielle (hypertension, hypercholestérolémie, tabagisme,….)
  • Si œdèmes d’origine purement systémique (insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, hépatopathie…)
  • Chez le patient diabétique avec une microangiopathie

Veinotoniques oraux

Ils améliorent la symptomatologie et évitent la chronicité de la maladie.

« Les veinotoniques et les phlébotropes, sont nombreux à être commercialisés. Ils ne sont pas tous équivalents. Certains phlébotropes ont fait l’objet d’études cliniques, mais d’autres traitements sont commercialisés sans avoir fait l’objet d’aucune étude »

« Dans les guidelines internationales seul la fraction flavonoïde micronisée purifiée, MPFF (Daflon 500) a reçu une recommandation de grade 1B pour le soulagement des symptômes associés à la maladie chronique chez les patients avec CEAP Cos à C6s et les patients avec œdème » insiste le Docteur Decoene.

Lors de la délivrance de veinotoniques, quelle que soit la molécule prescrite, il est important de le conseiller à un dosage suffisant, un traitement d’un mois est nécessaire pour évaluer l’efficacité. Au stade des varices, avec ou sans altération de la peau et des tissus, ils pourront être utilisés de façon adjuvante aux traitements opératoires, si les symptômes sont présents ou persistants.

Les veinotoniques topiques agissent ponctuellement en soulageant la sensation de jambes lourdes

MPFF, efficace sur les symptômes à long et à court terme

Des études scientifiques validées sur des médicaments formulés avec le MPFF ont démontré une efficacité thérapeutique sur différents symptômes de l’insuffisance veineuse.

Ils ont un double effet : un effet hémodynamique qui améliore le retour veineux et réduit la distension veineuse et un effet anti-inflammatoire veineux en inhibant l’interaction entre l’endothélium et les leucocytes. Différentes études ont montré que le MPFF réduit rapidement les symptômes veineux mais également sur le long terme.

MPFF réduit rapidement les symptômes veineux

Adapte de Yanushko et al. Phlebolymphology. 2014;21(3):146-1511

MPFF réduit les symptômes veineux sur le long terme

Adapté de Jantet G and the Relief study group. Angiology. 2002;53(3):245-56

« Face à la large offre proposée dans le traitement de l’insuffisance veineuse chronique, le MPFF est un traitement efficace à tous les stades de la maladie avec le plus haut grade de recommandation grâce à sa micronisation de haute qualité qui facilite l’absorption et à sa composition unique de flavonoïdes. Néanmoins, l’insuffisance veineuse chronique est par essence évolutive : aucun traitement et aucune technique chirurgicale ne peut la guérir définitivement; le risque de récidive demeure toujours présent » conclut le Docteur Decoene.

Références : sur demande