Projet en Bretagne : Eviter les consultations et passages aux urgences « inutiles » grâce aux pharmaciens

Image
x
Depuis deux ans, la Bretagne expérimente la prise en charge des problèmes de santé bénins par les pharmaciens. Une opération qui montre des résultats intéressants et qui pourrait être généralisée.
Ce projet porté notamment par l’Agence régionale de Santé (ARS) de Bretagne qui, avec l’association de pharmaciens Pharma système qualité et les unions régionales de professionnels de santé (URPS) des pharmaciens et des médecins libéraux de Bretagne a lancé le projet OSys (orientation dans le système de soins) à l’automne 2021.

Au départ au nombre de treize, les situations cliniques que les officinaux peuvent prendre en charge dans le cadre de ce dispositif ont finalement été réduits après quelques mois d’expérimentation au nombre de six : plaies simples, piqûres de tiques, cystites, brûlures du 1er degré, douleurs pharyngées et conjonctivites. Avec l’aide de différents outils (arbres décisionnels, interface informatique de suivi du patient…), le pharmacien doit réaliser l’orientation du patient, soit en lui conseillant un médicament (hors prescription médicale obligatoire), soit en l’adressant à un médecin généraliste (éventuellement via une téléconsultation), soit en le dirigeant vers les urgences.

Lors de sa première phase, qui s’est tenu de l’automne 2021 à l’automne 2023, ce sont au total 37 pharmaciens, situés dans des zones sous-dotées en médecins, qui ont participé au dispositif OSyS, après avoir suivi une formation. Chaque acte de triage était rémunéré 15 euros. L’objectif de cette expérimentation, outre de renforcer les compétences des pharmaciens et la coopération entre les professionnels de santé, était bien sûr d’améliorer l’orientation des patients et d’éviter des consultations ou des passages aux urgences « inutiles ».

A ce titre, le dispositif OSyS serait un succès incontestable, comme en atteste le rapport d’évaluation rendu en mars dernier par la CelEval (cellule d’évaluation des expérimentations article 51). Ainsi, parmi les patients pris en charge par les pharmaciens bretons, 75 % de ceux qui comptaient initialement aller aux urgences ont finalement été soignés directement par le pharmacien (38 %) ou adressés à un médecin (37 %). De même, 60 % de ceux qui voulaient consulter un médecin ont finalement été traités en pharmacie. Ce sont au total 420 consultations médicales et 68 passages aux urgences réputés inutiles qui ont ainsi pu être évités. A contrario, 25 % des patients qui souhaitent au départ s’auto-médiquer ont finalement été orientés par leur pharmacien vers un médecin (20 %) ou les urgences (5 %). Autre signe du succès de l’opération : 99 % des patients qui sont passés par un pharmacien pour être orientés se disent satisfaits de leur prise en charge.