Vernis semi-permanents avec lampe à UVA : un risque de cancer cutané

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L’application de vernis semi-permanent sur les ongles, qui peut être effectué en salon ou à domicile, n’est pas sans risque, alerte l’Académie française de médecine. En cause : l’utilisation d’une lampe à rayons ultraviolets (UV) (48 watts) pour sécher et fixer chacune des quatre couches de vernis appliquées.
L’Académie énumère trois types d’effets secondaires : réactions cutanées allergiques (70,5 %), atteintes mécaniques des ongles (26,1 %) et trois cas de cancers cutanés à type de carcinome épidermoïde induit (3,4 %). Le risque semble avant tout lié à trois facteurs : la précocité du début de l’utilisation, la fréquence des expositions et l’exposition sur plusieurs années. À cela s’ajoute qu’une peau claire peut « aggraver » le risque.
Ces lampes émettent des rayons UV de type A (UVA), "qui pénètrent profondément dans la peau", rappellent les académiciens. Or, ces rayons favorisent le vieillissement de la peau et ont été classés cancérigènes du groupe 1 (le plus élevé). "Le rôle favorisant des lampes UV 'à ongles' dans l'induction de ces cancers cutanés était évoqué dès 2009", soulignent-ils. Ainsi, au cours de l’année 2022, selon une étude tunisienne (Litaiem N, et al. Clinics in Dermatology, 2022; 40: 706–715), trois cas de cancers cutanés à type de carcinome épidermoïde induit ont été signalés dans la littérature. Parmi les autres effets secondaires rapportés avec ces vernis semi-permanents, il y avait aussi des réactions cutanées allergiques (66 cas en 2022, 70,5 %), et des atteintes mécaniques des ongles (23 cas, 26,1 %). Ce risque a été confirmé par une expérimentation récente (Zhivagui M et al., Nature Communications, 2022; 276: 1-14. Publication en ligne 17 janvier 2023), qui a montré que les UVA produits par une lampe UV "à ongles" induisent bien des mutations typiques des UVA sur 3 types cellulaires (fibroblastes embryonnaires de souris, fibroblastes et des kératinocytes humains). Le risque serait majoré avec certains facteurs : l'âge jeune de début d'utilisation (en moyenne 20 ans) ; la fréquence rapprochée des expositions (moyenne de 5 à 6 fois par an, voire plus avec le développement des lampes à domicile) et la durée d’exposition (sur plusieurs années). Le terrain aurait aussi un rôle aggravant (peau claire, immunodépression). Mais l’Académie souligne la nécessité de bénéficier d’études épidémiologiques plus larges afin d'évaluer le risque de carcinome cutané induit par la répétition de ce type d'irradiations sur une longue durée.Pour prévenir les risques, les académiciens conseillent d'appliquer une crème solaire avec une protection UVA environ 20 minutes avant l'exposition des mains aux lampes UV/LED. Références : Communiqué de l’Académie nationale de médecine (28 avril 2023).