L’ARN messager ouvre une nouvelle voie de recherche dans les thérapies oncologiques

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L’ARN messager a été médiatisé ces derniers mois, via les vaccins contre le COVID-19. Des chercheurs de l’Université libre de Bruxelles (ULB), de l’Institut Bordet et de l’Hôpital universitaire de Bruxelles (H.U.B.) ouvrent une autre voie de recherche, tout aussi novatrice : des thérapies anticancéreuses inédites grâce à l’alphabet complexe de l’ARN messager.

Tout comme pour l’ADN, outre les 4 lettres bien connues (A, U, G, C), des lettres additionnelles habillent chimiquement l’ARN. C’est le cas de la lettre m5C, ou méthylation de l’ARN messager, qui joue un rôle essentiel dans la régulation des gènes, et ce, grâce à la lecture de m5C par des protéines qui s’y fixent, appelées « lecteurs». Ces lecteurs de m5C sont encore peu décrits et leur rôle dans le cancer est inconnu. Les récents travaux de l’équipe du Prof. François Fuks – directeur du Laboratoire d’Epigénétique du Cancer, Faculté de Médecine ULB et Institut Bordet H.U.B. et directeur de l’ULB Cancer Research Center (U-CRC) – ont identifié un nouveau lecteur de l’ARN, SRSF2 et lèvent pour la première fois le voile sur le rôle clef que joue la protéine SRSF2 dans le développement des leucémies. SRSF2 est un des gènes les plus fréquemment mutés dans les leucémies : jusqu’à 50% dans certains types de leucémies. Les chercheurs ont mis en évidence un mécanisme moléculaire conduisant aux leucémies jusqu’ici insoupçonnées : la mutation de SRSF2 altère sa capacité à lire m5C sur l’ARN, ce qui entrave sa fonction de régulation des ARN messagers. En outre, grâce à l’analyse de près de 700 échantillons de malades atteints de leucémie, le Pr François Fuks et ses collègues ont pu identifier, sur base de l’altération de SRSF2 à lire m5C, un nouveau groupe de patients dont la survie est particulièrement entravée. Ces découvertes devraient non seulement ouvrir un nouveau chapitre des connaissances sur la compréhension de l’apparition des leucémies, mais elles devraient également nous diriger vers un nouveau paradigme de diagnostic et de traitement basé sur l’épigénétique de l’ARN. Concrètement, les découvertes pourraient conduire à diagnostiquer spécifiquement les patients à mauvais pronostic vital, dont la fonction de « lecteur m5C» de SRSF2.