9 patients arthrosiques sur 10 souffrent de douleur

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L’enquête « Stop Arthrose II » montre que les patients arthrosiques partagent tous une expérience de la douleur. Celle-ci crée des attentes et des besoins, auxquels aucune réponse n’est encore apportée.

Plus de 3400 personnes ont répondu à cette enquête en ligne lancée en septembre 2019. Leurs réponses montrent que c’est le confinement strict lié au virus qui a entraîné une dégradation de l’état général des patients et de leur moral, avec une aggravation des symptômes. Pour le Pr Yves Henrotin, kinésithérapeute, ULG « cela peut s’expliquer par le fait que les patients bougeaient moins, entretenaient moins de relations sociales, avaient changé leur style de vie, en mangeant plus, en consommant plus d’alcool et en fumant plus. Ils ont ainsi augmenté les facteurs de risque de l’arthrose. ». Ce constat confirme les répercussions, induites par le confinement, de la sédentarité sur les patients et conforte l’idée du premier traitement de l’arthrose est le mouvement. « L’activité physique est le meilleur traitement de la douleur arthrosique : éviter la kinésiophobie (peur du mouvement) pour rompre le cercle vicieux de l’inactivité » martèle le professeur Henrotin.

La 2ème édition de cette enquête « Stop-Arthrose » montre également un immobilisme dans la prise en charge des patients arthrosiques. Ainsi, depuis la première enquête datant de 2013, il n’y a eu que peu d’innovations dans la prise en charge de la maladie et de ses traitements mais il existe, néanmoins, une combinaison de traitements pharmacologiques et non-pharmacologiques, avec une approche personnalisée qui permet de soulager efficacement les patients. Autres constats, sur la qualité de vie des malades : près de 9 patients sur 10 souffrent de douleurs, 7 sur 10 connaissent des problèmes de sommeil alors que l’impact sur leur vie sociale est très important également, ce qui contribue à une mauvaise image de soi pour 64% des patients.

« Il est donc urgent de progresser pour mieux prendre en charge la douleur invalidante dans l’arthrose » conclut le Docteur Laurent Grange, médecin rhumatologue au CHU de Grenoble Alpes et Président de l’AFLAR (Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale),

 « S’il y a des progrès dans la recherche en biologie, aucune avancée n’apparaît pour les marqueurs de la douleur. Or, la douleur, ce n’est pas une plainte, mais le symptôme qui va baliser tout le chemin du patient arthrosique. Celui-ci peine à l’exprimer et a tendance à la banaliser, ce qui favorise l’errance thérapeutique. Mais c’est bien cette douleur qui va le conduire à consulter son médecin traitant. »

Le Pr Yves Henrotin poursuit : « si le médecin généraliste est plus enclin à prendre en charge les comorbidités de l’arthrose, son rôle est aussi de gérer la douleur qui est un symptôme modulable. Il joue un rôle clé qui doit être partagé avec le pharmacien, le psychologue et le kinésithérapeute. » il y a un vrai devoir d’informer les patients que leur maladie n’est pas une fatalité et qu’ils peuvent devenir acteurs de leur santé ». « La prise en charge de l’arthrose est en retard par rapport à celle de

la lombalgie et devrait s’en inspirer :  avoir une approche biopsychosociale et transmettre des informations  dédramatisantes,  d’autant  que,  dans  l’arthrose,  ce  sont  les  modalités  nonpharmacologiques qui sont en première ligne. »