Découverte d’une bactérie intestinale active contre le diabète de type 2

Image
diabetes
Isolée par l’équipe du professeur Cani à l’UCLouvain, Dysosmobacter welbionis, inconnue jusqu’ici, est présente chez 70 % de la population. Ses effets anti-inflammatoires sont prometteurs pour lutter contre certaines maladies et notamment l’obésité et le diabète de type 2.

Après avoir découvert en 2013 les effets bénéfiques d’Akkermansia muciniphila, le Professeur Cani et son équipe viennent de découvrir un nouveau genre de bactérie baptisée « Dysosmobacter welbionis.

Cette bactérie fut découverte par hasard alors que les scientifiques fouillaient les résidus intestinaux à la recherche, en vain, d’une deuxième souche de la bactérie Subdoligranulum dont on avait déjà remarqué qu’elle était absente chez les obèses et les diabétiques. Dysosmosbacter est un genre complètement nouveau et inconnu alors que paradoxalement, elle est présente chez près de 70 % des gens. « C’est ce que nous avons remarqué en analysant quelque 12.000 échantillons de microbiote venant du monde entier, explique-t-il. Mais les scientifiques sont allés plus loin dans leurs recherches : comme d’autres bactéries, Dysosmobacter produit du butyrate, une molécule connue pour ces effets sur l’immunité et protecteurs contre le cancer du côlon. « Comme nous avions remarqué que Dysosmobacter était très peu présente chez les personnes souffrant d’obésité ou de diabète de type 2, nous nous sommes demandé ce que cela ferait d’administrer cette bactérie chez eux, explique Patrice Cani. Nous avons donc fait l’expérience avec des souris qui suivaient un régime riche en graisse et en sucre. Celles qui ont été traitées avec Dysosmosbacter, n’ont pas développé de diabète, ont pris moins de poids, et brûlé plus de calories en augmentant l’activité et le nombre de mitochondries.

Autre observation ? Les effets de la bactérie ne se limitent pas à l’intestin : les scientifiques découvrent que certaines molécules produites par Dsysosmobacter migrent dans le corps et agissent ailleurs. Ce qui est prometteur et explique sans doute les effets de la bactérie sur le tissu gras mais ouvre aussi les portes pour un éventuel impact sur d’autres maladies comme les inflammations et le cancer, actuellement en cours d’étude au sein de l’équipe.

La suite ? Tester l’action de Dysosmobacter welbionis couplée à celle d’Akkermansia, afin de voir si leur association permet de démultiplier leurs effets sur la santé. Avec, toujours à la clé, la lutte contre le diabète de type 2, les maladies inflammatoires, l’obésité ou le cancer. « C’est ça le fun dans la recherche : on fouille pour trouver des os de dinosaures et on finit par trouver un trésor » s’enthousiasme Patrice Cani. Et ce n’est pas tout car ses propriétés anti-inflammatoires pourraient jouer sur d’autres maladies inflammatoires ou certains cancers. »