Des tumeurs qui se désagrègent grâce à un Omega-3 !

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omega 3
Une recherche menée conjointement par des bioingénieurs de l’UCLouvain, spécialistes de la nutrition, et leurs collègues de l’Institut de recherche expérimentale et clinique (Faculté de pharmacie) vient de montrer que certains acides gras, comme le DHA, un oméga-3, pouvaient faire « imploser » des tumeurs cancéreuses.
En captant trop de DHA, les cellules en acidose de ces tumeurs ne réussissent plus à stocker ces réserves énergétiques de manière sûre. Ces acides gras s’oxydent alors. Ce qui mène à l’empoisonnement des cellules tumorales et à leur destruction par ferroptose, un type de mort cellulaire (comme la nécrose, l’apoptose, etc.).

L’équipe de l’UCL a étudié le comportement de tumeurs nourries de divers types d’acides gras. Elle a constaté que les acides gras polyinsaturés oméga-3 et oméga-6, à longue chaîne, comme le DHA, ralentissaient la croissance tumorale. Elle a ensuite tenté de comprendre les raisons de ce ralentissement. « Le DHA va induire la mort des cellules cancéreuses en acidose via un phénomène appelé ferroptose, un type de mort cellulaire liée à la peroxydation de certains acides gras », explique le Pr Olivier Feron, Faculté de Pharmacie. Plus il y a d’acides gras insaturés disponibles au sein de la cellule, plus ils risquent de s’oxyder. « En temps normal, dans le compartiment acide des tumeurs, les cellules stockent ces acides gras dans des gouttelettes lipidiques, les mettant à l’abri de l’oxydation. Mais en présence d’une quantité importante de DHA, la cellule tumorale est dépassée et ne peut plus stocker le DHA. Celui-ci s’oxyde alors et entraîne par la même occasion la mort des cellules tumorales ». En utilisant une molécule pharmaceutique habituellement administrée dans le traitement des cancers par chimiothérapie, les chercheurs ont également pu constater que ce phénomène était encore amplifié. « Ce qui confirme le mécanisme identifié et ouvre des perspectives de traitement combiné », assure-t-on à l’UCLouvain.

Lors de cette étude, plusieurs types d’échantillons de tumeurs humaines ont été testés avec de bons résultats. « Ce qui rend cette étude encore plus intéressante, c’est que l’effet du DHA sur les tumeurs concerne potentiellement tous les types de cancers solides », précise le Pr Feron.

Et comme il s’agit d’un apport en oméga-3, disponible notamment par voie alimentaire, cette découverte conforte également le Pr Yvan Larondelle, Faculté BioIngénieur dans son projet de spin-off. Il espère ainsi pouvoir proposer aux consommateurs des aliments riches en DHA, produits au départ d’aliments essentiellement locaux. « Les recommandations en matière de santé préconisent la prise quotidienne de 250 mg de DHA », indique-t-il. « Or, notre alimentation nous apporte en moyenne seulement 50 à 100 mg par jour de cet acide gras ».