Et si un jour, on ne mourrait plus du cancer ?

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Au cours des 10 dernières années en Belgique, 350 000 personnes ont survécu à leur cancer. Et en 50 ans, le taux de survie à 5 ans suite à un diagnostic a augmenté de manière impressionnante passant de 40% à près de 70%.

Le nombre de cancers augmente chaque année. Plus de 70 000 nouveaux cas en Belgique en 2018 (Source: Registre du cancer) ,  19 292 789  dans le monde en 2020 (source OMS) . L’OMS avance que si les tendances actuelles se poursuivent, le monde connaîtra une augmentation de 60 % des cas de cancer au cours des deux prochaines décennies. Dans notre pays, cette augmentation annuelle est principalement liée à l’accroissement de notre population et à son vieillissement. 

Mais en même temps, d’années en années, les chances de survie augmentent. Au cours des 50 dernières années, la recherche sur les mécanismes de développement des cancers ainsi que leurs traitements ont enregistré des progrès considérables. De plus, les programmes de dépistages précoces, associés à des traitements améliorés favorisent une baisse du taux de mortalité prématurée, années après années… 

Les taux de survie sont les plus élevés en Belgique pour certains cancers et parmi les plus élevés en Europe pour beaucoup d'autres.

"La Belgique joue dans la Ligue des Champions en matière de recherche contre le cancer ! La recherche nous a permis de comprendre les mécanismes qui sous-tendent le cancer ainsi que la croissance, l'expansion et la formation des métastases des cellules cancéreuses. Nous avons découvert que nous pouvons agir sur certains de ces mécanismes et quels sont ceux qui stimulent la croissance. La recherche a montré comment nous pouvons prévenir certains cancers. Mais aussi comment nous pouvons faire en sorte que davantage de patients atteints de métastases puissent vivre plus longtemps et même être guéris » explique le Dr Eric Van Cutsem, chef du département d'oncologie digestive.

La recherche transforme petit à petit l'impossible en possible. L’immunothérapie a révolutionné la prise en charge de certains cancers.  Alors qu’ils sont peu sensibles à la chimiothérapie et aux thérapies ciblées, les cancers présentant de nombreuses mutations comme le mélanome ou le cancer du poumon répondent bien à l’immunothérapie.

« Le principe de l’immunothérapie anti-tumorale consiste à bloquer les freins physiologiques du système immunitaire en agissant sur des points de contrôle ou « check-point ». Plusieurs anticorps monoclonaux dirigés contre ces freins immunitaires ont vu le jour ces dernières années pour le traitement du mélanome métastatique Avant l’immunothérapie, le pronostic d’un mélanome métastatique était catastrophique. La durée de survie était en moyenne de moins d’un an.  Aujourd’hui, on s'approche de 60% de patients survivants après 5 ans. Dans le cancer du poumon, l'immunothérapie est souvent utilisée en première ligne, fait donc partie des premiers traitements administrés. Elle s'est donc installée comme un quatrième pilier de la thérapeutique du cancer, avec la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie et les thérapies ciblées. C'est un progrès médical considérable. Mais nous n'en sommes qu'au début de cette approche et il nous reste beaucoup de choses à comprendre et à essayer pour augmenter la proportion de patients qui peuvent en bénéficier » insiste Pierre Coulie, professeur d'immunologie (UCL), chercheur à l'Institut de Duve.