L’octocrylène, une nouvelle fois sur la sellette

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Octocryleen
L’octocrylène, un filtre solaire présent dans de nombreux produits cosmétiques, se transforme, une fois le tube ouvert, en un composant identifié comme un perturbateur endocrinien et possiblement cancérogène, selon une équipe de chercheurs franco-américaine.

Une étude parue le 7 mars 2021 au sein de la revue scientifique “Chemical Research in Toxicology” pointe du doigt la dégradation de l’octocrylène en benzophénone dans nos produits cosmétiques, un composé soupçonné d’être cancérogène par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

La benzophénone est classée dans le groupe 2B par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), c’est-à-dire qu’elle est considérée comme « peut-être cancérogène pour l’homme ». Chez l’animal, l’exposition à la benzophénone induit des cancers du foie et des lymphomes, notent les chercheurs, qui pointent également des problèmes dermatologiques. L’octocrylène était déjà accusé d’être néfaste pour la vie marine, en particulier pour les coraux. « Certains fabricants l’ont retiré de leurs crèmes solaires pour des raisons environnementales », constate Philippe Lebaron, biologiste du laboratoire de biodiversité et biotechnologie microbienne de l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer (Sorbonne Université-CNRS), coauteur de l’étude.

Les allergies à l’octocrylène se multiplient également. Ce filtre UV apparenté aux cinnamates est doté d’un large spectre et permet de stabiliser les autres filtres. Des analyses de cas et de la littérature confirment la différence de formes cliniques que prend l’allergie selon l’âge du patient : les enfants déclarent un eczéma tandis que chez les adultes, elle s’exprime par une photo-allergie de contact.

 « Des augmentations de benzophénone dépassant les 100 % et même atteignant les 200 % ont ainsi été observées, ajoute le biologiste. C’est la première fois que l’on montre cette dégradation de l’octocrylène en benzophénone. » Soulignant que cette substance est facilement absorbée par la peau, les chercheurs estiment que les produits à base d’octocrylène, et donc contaminés par de la benzophénone, peuvent constituer une menace pour la santé ainsi que pour l’environnement. C’est pourquoi ils prônent leur interdiction dans les cosmétiques.