Un Belge sur quatre prend des psychotropes

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Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, psychostimulants sont devenus le quotidien de patients qui n'en ont pas toujours réellement besoin. Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke et le SPF Santé publique lancent aujourd’hui une campagne de sensibilisation à destination des professionnels de la santé, notamment les médecins généralistes, les pharmaciens et les psychologues, afin de freiner la consommation inquiétante des médicaments psychotropes dans notre pays et d’évoluer ensemble vers un usage plus adéquat de ce type de traitements.
L'intégration des psychologues dans la lutte contre l'usage abusif des médicaments est une première.

Des chiffres alarmants

« En 2022, un Belge sur quatre a consommé des psychotropes. La consommation, en dix ans, a progressé de 70%. La santé mentale s'est détériorée au fil des ans, particulièrement avec la crise covid, mais ce phénomène n'explique pas, seul, cette explosion. De nombreuses campagnes ont déjà été menées pour sensibiliser la population aux usages de ces médicaments et leurs effets néfastes. Elles n'ont pas eu l'impact escompté » regrette le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke.

« Il faut se diriger vers un usage plus adapté, par le biais d'une approche plus raisonnée, approfondie et concertée, il faut avant tout comprendre les besoins du patient et aborder les options non pharmacologiques. Si usage du médicament il y a, il faut porter une attention particulière à la durée du traitement, aux effets indésirables, et au sevrage progressif, une question qui devrait être abordée dès le départ, estime Sabine Tordeur, directrice générale de la DG soins de santé.

 

« Les professionnels de la santé ont un rôle crucial à jouer qui va bien au-delà du diagnostic, de la prescription ou de la délivrance de médicaments : ils doivent toujours essayer de se diriger d’abord vers une solution non médicamenteuse. Ils ont également la responsabilité, dans le cas où une médication semble nécessaire, de suivre de près l’utilisation des psychotropes par leurs patients, de les informer, les motiver, les soutenir et les sensibiliser et de les réorienter de manière adéquate si nécessaire ».

Pour ce faire, une première étape essentielle consiste à ouvrir le dialogue avec les patients sur leur utilisation des médicaments et sur les alternatives non médicamenteuses à leur disposition, comme l’adaptation de leur mode de vie ou le suivi (psycho-)thérapeutique.

 

 

 

 

« La campagne a donc pour objectif de sensibiliser davantage les médecins à la nécessité de privilégier l'approche non-médicamenteuse, le dialogue avec le patient, et les pistes alternatives, que ce soit l'adaptation du mode de vie du patient ou le suivit psycho-thérapeutique. 

 « Informez vos patients sur le soutien non médicamenteux dont ils peuvent bénéficier, apprenez-leur l’usage raisonné des médicaments, sensibilisez-les aux risques et effets secondaires et encouragez-les à parler de l’évolution de leur situation. Construisez un réseau de professionnels de la santé autour de vos patients pour pouvoir les accompagner de façon optimale » conclut Sabine Tordeur.

Un soutien aux professionnels de la santé avec www.usagepsychotropes.be

La campagne « Psychotropes : quels risques pour vos patients ? Ensemble, favorisons un usage adapté » vise à soutenir les professionnels de la santé, et insister sur le rôle qu’ils ont à jouer, en leur apportant des connaissances actualisées sur les psychotropes.

Un portail web a été conçu pour leur donner accès à des informations fiables et, dans la mesure du possible, fondées sur des données scientifiques probantes. Spécialement conçu pour les médecins, pharmaciens et psychologues, ce portail renvoie à des ressources spécifiquement adaptées, telles que des études, des formations en ligne et des outils pratiques.

Cette campagne est réalisée en collaboration avec le groupe d’experts BelPEP (Belgian Psychotropics Expert Platform) ainsi qu’avec le soutien d’organisations professionnelles parmi lesquelles  la SSMG, Domus Medica, l’APB, l’UPPCF et VVKP.

Mais d'autres actions sont aussi en cours de réflexion au sein du SPF Santé publique, comme la transparence accrue en termes de prescription et de délivrance par les pharmaciens. Il s'agira aussi dans le futur d'agir sur l'offre, réduire les volumes disponibles, diminuer les conditionnements, à l'image de ce qui est en train d'être fait avec les antibiotiques (délivrance du nombre exact de pilules nécessaires plutôt qu'une boîte entière), explique encore Frank Vandenbroucke. Mais cela demande du temps, une concertation avec le secteur pharma est prévue", conclut le ministre.

 

 

 

Plus d’infos :

www.usagepsychotropes.be